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"La Musique et la Danse" : 8m de hauteur, 20m de longueur , soit 160m2, est la 2ème plus grande tapisserie d'un seul tenant au monde, après celle de la Cathédrale de Coventry, en Grande Bretagne. Toutes deux ont été tissées par les mêmes ateliers: les Ateliers Pinton à Felletin - Aubusson.

 

"Cette tapisserie est l'aboutissement de la confrontation de deux exigences souvent contradictoires: le désir créateur du peintre, et la volonté des commanditaires. Elle a été parfois rude, mais fructueuse. la commande imposait un thème assez vaste: la musique et la danse. Les premiers projets présentés évoquaient plus qu'ils ne décrivaient ou commémoraient. L'accord entre la Ville et le peintre s'est fait sur un compromis équitable: de simple évocation, le projet est devenu également hommage à Jean-Baptiste Carpeaux. Le résultat pour moi a été la récompense d'une lutte que je mène depuis plusieurs années pour que la tapisserie renoue avec certaines de ses fonctions initiales: narrative, décorative, monumentale, destinée de façon privilégiée à des lieux publics, tel que le hall de l'Espace Carpeaux.

Celui qui y pénétrera, percevra d'emblée les vertus de la laine qui réchauffe et contribue à la qualité de l'acoustique.

Merci à mes partenaires dans cette expérience unique: François Pinton, l'ensemble des lissiers et participants des Ateliers Pinton, le coordinateur Pierre Chevalier, Charles Deprez - Maire de Courbevoie, et son adjoint René Biard, ainsi que le Conseil Municipal dans son ensemble, merci également à Denise Majorel, fondatrice et ex-directrice de la Galerie La Demeure et Martine Mathias, Conservatrice du Musée Départemental de la Tapisserie à Aubusson, qui, à leur manière, ont fait partie de cette aventure."

 

Daniel Riberzani, juillet 1992

HISTORIQUE DU PROJET:

 

C'est sur une proposition du Maire de Courbevoie, Charles Deprez, et son Maire-Adjoint délégué à la Culture, René Biard, que Dominique et Pierre Chevalier   (experts en tapisserie) ont été chargés de faire réaliser une tapisserie pour le Hall de l'Espace Carpeaux.

Après consultation entre ces derniers, François Pinton, sur des conseils de Denise Majorel, a décidé de proposer Daniel Riberzani, qui depuis 10 ans travaille pour Aubusson Felletin comme pour les Gobelins.

TISSAGE-REALISATION DE LA TAPISSERIE:

 

"La Musique et la Danse" a été réalisée par 2 équipes de 9 lissiers chacune, travaillant de 5h du matin à 21h, leur motivation et leur savoir-faire ont largement contribué à la réussite de cette tapisserie.

François Pinton, son directeur Henri Bacaud, le coloriste Jacques Bourdeix, ainsi que le teinturier Michel Pasquet ont en permanence coordonné le travail et maintenu un climat de confiance.

 

COMMEMORER:

Jean-Baptiste Carpeaux a vécu et travaillé à Courbevoie, avant d'y mourir en 1875. Le groupe le plus célèbre de ce sculpteur, "La Danse", destiné à la façade de l'Opéra Garnier et qui a suscité en son temps l'indignation de la bourgeoisie philistine (en 1869, il est jugé pour "outrage à la pudeur") se retrouve dans cette tapisserie. "La Danse" est la plus belle, la plus sensuelle, des sculptures de Carpeaux.

Par ailleurs, de façon moins essentielle, le nom de Saint-Saëns intervient dans ce projet, comme musicien lié aux Hauts-Seine et à Courbevoie.

ANALYSE DU PROJET RETENU:

Le groupe "La Danse" est ici éclaté, fragmenté. Son personnage central, à mi corps et en gros plan au milieu de la tapisserie, est devenu Marianne. République de la Musique, ou Victoire ailée, mais masculine, ambivalente, dionysiaque. Indifférencié, il porte les attributs contradictoires du tamborin et des tables de la loi. Ici, une partition de Wagner. Il rappelle que l'Art est aussi saltimbanque. C'est à la fois Dionysos et Moïse... 

 

La ronde des nymphes de "la Danse" est restituée au 2ème plan à gauche. Image redoublée de "la Danse" sur fond noir et partitions grises et rouges (la création de Haydn) : couleurs imposées qui font référence à l'architecture du bâtiment. Il s'agit bien de figures emblématiques, ou d'allégories.

A droite c'est aussi la musique: bouquet d'instruments, épars, bleus, raccordant ceux-ci au personnage central. De façon ostentatoire, ces intruments jubilent rappelant que la musique, c'est d'abord une fête refusant peut être le caractère figé, compassé du concert.

 

De gauche à droite, en bas, à la façon d'un générique défilent des noms de muses: Euterpe pour la musique, Polymnie pour la poésie lyrique, Terpsichore pour la danse et le chant, Thalie pour la comédie, et les patronymes de Saint-Saëns et de Carpeaux. C'est à regarder pour qui entre dans le Hall et avance, comme un néon multicolore et rythmé.

En bref, la composition de cette tapisserie est une espèce de montage baroque, c'est une surimpression de couleurs franches, lumineuses sur fond noir et gris.

De fait, il y a du blanc, du rouge et du bleu...

On peut peut-être voir, dans cette oeuvre de Daniel Riberzani, comment malgré les contraintes, mais aussi grâce à celles-ci, un artiste peut toujours exercer sa liberté (à moins qu'il ne s'en prive lui-même) et subvertir en se jouant des contraintes imposées.

 

"Libéral ou libertaire? Un artiste est toujours intempestif, ou inactuel par rapport aux conformismes, qu'ils soient politiques, culturels, religieux ou autres." 

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