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A nouveau, reprise du thème de la nature morte après la crise morale de 1976 à 1978, rupture de certaines techniques, davantage de sens dans les oeuvres.

-Réapprentissage du métier, travail d'après nature, le désir et le besoin physique de peindre réapparait, enfin l'unité entre le faire et la pensée sont réunis. 

-Retour aux sources, intérêt renouvelé pour la peinture classique européenne, en particulier celle du 17ème siècle et de ses thèmes: évocations religieuses ou profanes, vanités, les 5sens etc.. 

-Confrontations, agressivité, incompatibilité ou échanges dans le cadre de la condition humaine, mise en scène par la représentation, de gâteaux, de fruits, de légumes et d'animaux apparemment morts. Couleurs denses et pures. 

Simultanément à la réalisation de cette série de 60 peintures dont 2 tryptiques, un journal quotidien intime et technique liée à ces peintures consigne le sens et le rapport de celle-ci avec les événements personnels et extérieurs.

D'autre part, par souci pédagogique et afin de faire connaître aux autres le processus de réalisation d'une oeuvre, une soixantaine de diapositives prises aux différentes étapes de la réalisation du tryptique "La pêche miraculeuse" s'échelonnent des premiers croquis, en passant par les fonds brossés largement, et la mise en matière de la couleur, jusqu'aux glacis définitifs. 

Silencieusement, sur nos toiles, nous pouvons régler nos comptes avec les autres et avec nous même. Pour satisfaire à ce besoin, il faut besogner dur dans l'inquiétude, la solitude, avec ténacité, c'est surhumain, et puis de façon inattendue, le miracle vous surprend, il prend le relais à vos tracas, il vous donne l'impression d'inventer, vous êtes enfin heureux. Pourtant ce n'est pas forcément gagné, régulièrement et sans filet, il faut recommencer et utiliser ces exercices de survie pour ne pas s'endormir.

Daniel Riberzani 1980

Riberzani n’a pas relié dès le départ ses natures mortes des années 1979- 1981 aux Vanités du 17ème siècle, il n’a découvert celles-ci que plus tard, mais cette rencontre lui a paru suffisamment révélatrice de son propre travail pour qu’il baptise à son tour ses œuvres de cette série du titre de «Vanités ».

La lutte contre le temps est au centre des difficultés du présent. La durée et le présent convergent vers la peinture, et nourrissent de façon complémentaire sa problématique.

Dans un espace vidé de discours parasite, entre le plan vertical du mur ou du rideau et celui, horizontal, de la table, le décor est posé pour l’entrée en scène des personnages du drame : les objets-signes, décrits avec économie et efficacité, entrent en résonance, s’allient, s’opposent, dialoguent et font sens.

 

Ce dialogue, en posant et reposant inlassablement la question de l’être et du non-être, révèle leur médiation obligée : l’instinct de re-production. De la vie comme de la peinture. Eros contre Thanatos. La toile "Face à face", par exemple, montre une série de légumes allongés qui sont autant de symboles phalliques confrontés à une moitié de pastèque, métaphore du sexe féminin. L’ensemble des peintures de la série peut être lu sur cette base.

Par ses "Vanités" Riberzani ajoute au traitement classique de la nature morte hérité du 17ème siècle. un élément d’analyse, d’auto-analyse et d’explicitation essentiel : la réalité opératoire et récurrente, dans la peinture notamment, du refoulement sexuel — dont Freud a pointé les effets, ceux-là réellement mortifères.

 

C’est, paradoxalement, cette mise au jour d’une dimension refoulée qui rend les « natures mortes » de Riberzani particulièrement vivantes, comme l’ont souligné certains commentateurs de ses expositions*

*« Les natures « vivantes » de Riberzani vont à l’essentiel, au nécessaire et au pertinent. »

Suzanne de Coninck, catalogue d’une exposition  à la galerie Carla Asbeck à Düsseldorf, 1980.

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