PANNEAU DE GAUCHE: " L'ange déchu"
Lucifer où la culpabilité matérialisée par un ange (L'oie) , le transfuge de cette oie semble bien peu répondre à l'ange déchu mais l'artiste a toujours ses raisons... Thanatos et Eros sont toujours en lutte! Quand à la coupe de fruits, c'est en référence aux Natures-Mortes de Zurbaran (peintre espagnol) où le caractère divin est présent.
- Ce panneau a été traduit en tapisserie par une éléve lissière de l'ENAD en partenariat avec l'artiste, cette tapisserie fait partie des premièrs tissages réalisés à Aubusson. Riberzani a établi un carton photographique en noir et blanc d'après le panneau peint "L' ange déchu".
PANNEAU CENTRAL: "La pêche miraculeuse"
Et encore ... Ce chevreau mort éviscèré, évoquant une crucifixion où sacré et profane s'accordent étrangement. Suspendu à l'envers à la façon de St André la tête en bas devant un drapé presque académique. Entouré principalement de poissons d'eau douce, déssinés d'après nature suite à des pêches estivales miraculeuses... (Merveilleux souvenirs d'enfance). Le tout disposé à la façon d'un retable qui incarnerait la pêche miraculeuse et la crucifixion. Les poissons représentés sur ce panneau ont été réutilisés dans la grande tapisserie tissée aux Gobelins "La Grande Raie Bouclée"
PANNEAU DROIT: "Vanité à la pièce montée"
Inquiétante pièce montée de mariage, trop jolie en fait et d'un goût douteux; derrière ce gâteaux, des tulipes évoquent la briéveté de la vie. Au premier plan à droite, une tête de mort encadrée de 2 symboles : Celui d'Eros: la pomme du pêché et celui de la naisance: l'oeuf. L'ensemble formant une vanité "morbide".
Concernant ces 3 panneaux: c'est un retour à une peinture classique d'inspiration flamande (renaissance européenne), peinture à l'huile, glacis, couleurs vives, choix de pigments rares: rouge rubis, rose thyrien, rouge grenat, violets chauds et froids.
1981 2,48X1,20 - Huile sur toile - Coll Artiste
Le crucifié pantelant hurle notre souffrance d'homme. La terreur de l'agonie mine sourdement tous les plaisirs des sens. Tout est vanité. Angoisse insoutenable des pourpres et des violets. Omniprésence du cadavre dans la séduction du sensible. La beauté: une fine pellicule d'illusion. Thanatos règne: Memento mori, Ultima necat. De L'Ecclésiaste à Bossuet, c'est la même sévère leçon de choses : toute nature est une nature morte. Chant de Requiem dans ces peintures infiniment silencieuses : Riberzani est bien malheureux...
Oui, tout homme est job, aussi malignement traité, tout aussi abandonné et perclus d'ulcères. Oui, ceux que nous aimons, qui sont pour nous comme des pères, des mères, des soeurs, des frères, des filles, des fils, nous laissent à notre deuil, à notre épaisse mélancolie, au dur labeur de leur survivre. Alors, Dieu parle à Job, et Job va bien mieux (Riberzani aussi).
Texte de Michèle Douérin, Catalogue d'exposition Galerie de Francony. Paris, 1988
Soleil blanc, brume de chaleur, il fait lourd, je suis fatigué. Nous sommes aussi manipulés par le temps et les saisons.. Quelquefois la peinture me fait penser que l'immortalité est en nous, à notre portée. Nous avons peut-être plus que d'autres la sensation d'échapper d'une certaine façon à nos maux et à la mort en donnant la parole aux choses, en perpétuant la vie sur nos toiles. L'acharnement, les traversées du désert, le dépassement dans le cheminement de notre vie et de notre travail nous en procurent le moyen, nous donnent parfois l'état de grâce, nous font toucher l'amour... Le chevreau, les poissons, l'oie, les fleurs, les fruits resteront toujours présents, alors que les modèles seront depuis longtemps décomposés.
....Ce triptyque s'est déjà détaché de moi, je peux en percevoir les faiblesses qui me rassurent en me faisant entrevoir encore un long trajet... Si je n'avais pas été peintre, j'aurais probablement satisfait à ce besoin d'immortalité de toute autre manière, dans un "pouvoir" quelconque... Je me serais perdu dans les autres.. je me serais détruit à vivre la vie pour y échapper, alors que j'essaie de m'en préserver en la vivant à ma façon dans la besogne quotidienne, en gagnant sur le temps... Sans être dupe cependant.
Daniel Riberzani, 1981